Tasuki — 襷—
Les Bishonen (皒幓“), ‘beaux garçons’ en japonais, bouleversent les codes de genre européens. Par leurs cheveux longs, leurs traits fins et leurs attitudes gracieuses, ils revendiquent une nouvelle esthétique, sensible à l'appréciation féminine.
La fluidité des genres, couplée au raffinement de l’artisanat japonais, se cristallise dans cette collection, dont les techniques artisanales et références esthétiques résultent de pérégrinations et d'apprentissages au Japon citadin et rural.
Des parures de corps, travaillées en bambou et en cuir, viennent à la rencontre de vêtements européens archétypaux, remaniant leur tombé et transformant leur portée. Inspirées par les techniques de nouage de kimono japonais, créées traditionnellement par le Tasuki, ces pièces organiques délicates dialoguent avec les textures et motifs des vêtements. Le contraste sur la peau nue d’une parure sombre interagit graphiquement avec les rayures d’une marinière, créant un drapé et dévoilant subtilement le dos.
Le déploiement des sculptures en bambou sur le corps offre ainsi des possibilités de combinaison avec une variété de vêtements, permettant à celui qui les arbore de se réapproprier et de diversifier son vestiaire personnel, conjointement à la fluidité de son identité de genre.
Ce projet fait suite à une recherche de deux ans au Japon sur l’artisanat du bambou et ses applications dans l’art et le design japonais. Le lien fort entretenu avec les artisans rencontrés sur place m’a permis d’effectuer un apprentissage auprès de Tanaka KYOKUSHO, l’un des principaux acteurs de la scène Kogei contemporaine japonaise.
Immergé dans la montagne japonaise, cet enseignement pointu m’a permis d’acquérir les bases du métier, depuis la découpe d’une canne de bambou brut jusqu’à la réalisation d’une pièce d’une extrême finesse.
De retour en France, je souhaitais réaliser un projet où cet artisanat et ses valeurs écologiques et philosophiques seraient transmis par l’application au domaine du vêtement et de l’accessoire. Le bambou a un grand potentiel d’adaptabilité, mais est très peu exploré en France, notamment par manque de savoir-faire.
Suite à de nouveaux développements sur des procédés de colorations naturelles et de liaisons et associations du bambou avec le cuir, j’ai développé une collection de sept accessoires de corps. Ses sculptures en bambou offrent une nouvelle forme d’ornementation du corps, se liant et dialoguant avec des pièces vestimentaires.
Ainsi, ses pièces proposent une alternative à la surconsommation vestimentaire par la réinterprétation et appropriation de notre vestiaire classique existant, en adéquation avec une identité de genre, une esthétique, et un questionnement écologique contemporain.
